smallnoise

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05.12.2012

vitrine keymouse 7, rue de Flandres, 1000 Bruxelles.
À compter du 5 décembre 2012, présentation de textes et dessins de Philippe Bertels. Philippe Bertels a édité en 2005 « Pinacothèque » aux éditions keymouse.

keymouse window 7, rue de Flandres, 1000 Brussels.
As of December 5, 2012, presentation of texts and drawings by Philippe Bertels. Philippe Bertels published with keymouse « Pinacothèque ».

Extrait de « Pinacothèque »:
«MOI, 621»
90 x 76 cm
Huile sur toile
1962
Wilfried Verbeek

621ème autoportrait de l’artiste. On en compte 1125 au total,
à raison d’un par semaine et peint exclusivement le dimanche comme pour faire le point de la semaine. Verbeek est donc un peintre du dimanche mais de lui-même. Ce tableau a été sélectionné à titre d’exemple pas tout à fait anodin : il marque l’instant de maturité absolue du peintre. Après une ascension bien méritée, Verbeek s’érafle le crâne aux fondements du paradis avant une inexorable chute pour les enfers de la déchéance.
« Moi, 621» est le point culminant de sa courbe de Gauss vitale.
La palette de Verbeek y déploie toute sa richesse, celle solaire des ocres de la montée jusqu’à « Moi, 620» et celle lunaire des terres de Sienne à partir de « Moi, 622». Cette toile est le midi pile, physique comme artistique, de la vie du peintre. L’homme s’y sait fringant, ce qui causera peut-être sa perte.

Et l’acnée qui disparait à partir de «Moi, 156» réapparait sous forme de couperose naissante dans «Moi, 673». Le menton que l’on voit se durcir virilement, poussé par la croissance osseuse des mâchoires, dans «Moi, 534» commence à dangereusement gonfler du «Moi, 639» au «Moi, 982» où le peintre ressemble à un pélican qui thésaurise ses maquereaux. En réalité, parce que composé le lendemain de la veille, on a devant nous le portrait en devenir d’un peintre qui cuve, et ce jusqu’au «Moi, 1125» final. Le plus émouvant de la série étant sans nul doute le «Moi, 1» où la chair de ses joues et l’éclat de ses yeux de vache y sont encore terra incognita pour Verbeek lui-même.

On se prendra pourtant à regretter l’absence, parce que sa gueule de Narcisse dominical et de perroquet se répétant vieillir, finit par fatiguer, d’un définitif «Moi, 0».